Confédération paysanne : Relocaliser l’abattage

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Confédération paysanne : Relocaliser l’abattage

Communiqués de presse

COVID-19 démontre qu’il est urgent de relocaliser l’abattage

Depuis une semaine, les foyers de contamination au Covid-19 se multiplient dans les grands abattoirs industriels. Après les Etats-Unis et l’Allemagne, la France a vu apparaître trois nouveaux « clusters » en Vendée, dans le Loiret et les Côtes d’Armor.

Ces immenses usines imposent des cadences de travail infernales, au détriment du bien-être de leurs salarié.e.s et des animaux. De par leurs tailles, leurs rythmes et l’importante concentration d’animaux et d’humains, celles-ci se montrent également incompatibles avec le respect des mesures sanitaires du Covid-19.  

La pandémie illustre une fois de plus les aberrations d’un système qui ne fonctionne pas et qu’il est urgent de réformer.

En même temps, depuis plusieurs années, les abattoirs locaux de petites dimensions disparaissent. À taille humaine et aux cadences de travail raisonnées, assurent pourtant la bientraitance humaine et animale.

Il faut donc inverser cette tendance, et redéployer des outils d’abattage dans les territoires. Ces abattoirs, qu’ils soient locaux ou mobiles, sont et seront indispensables à la pérennité des activités d’élevage, respectueux des travailleur.euse.s. et source de dynamisme dans les campagnes.

La relocalisation des outils de transformation est l’un des passages obligés pour la construction d’un système de production plus résilient, notamment face aux imprévus et catastrophes sanitaires.

Souveraineté alimentaire : Plus que jamais déterminé.e.s contre les accords de libre-échange

Emmanuel Macron en Mars dernier parlait de « notre souveraineté », de « la folie de déléguer notre alimentation ». Depuis, en pleine pandémie de coronavirus, la Commission Européenne a finalisé un accord de libre-échange approfondi avec le Mexique. Elle enchaîne les négociations avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande et elle prépare une déréglementation de nos échanges avec les Etats-Unis.

Ces accords de commerce et d’investissement encouragent la spécialisation des territoires et empêchent toute politique publique ambitieuse sur le plan écologique et social. Les clauses commerciales favorables aux multinationales priment aujourd’hui sur l’intérêt général, notre santé, la lutte contre le changement climatique, les droits sociaux et humains et la préservation de la biodiversité. Des tribunaux d’arbitrage favorables aux investisseurs privés sont inclus dans ces accords, véritables dénis de démocratie.

Poursuivre cette voie de libéralisation est un affront aux paysannes et paysans du monde qui nourrissent les populations, et un scandale qui ne peut plus durer.

À l’hypermondialisation des échanges et la segmentation internationale des chaînes de production, nous devons répondre avec la relocalisation de nos systèmes alimentaires et de nos économies. Cette relocalisation passe obligatoirement par une protection vis-à-vis du dogme actuel du libre-échange.

La Confédération paysanne a envoyé ce jour un courrier à la Commission Européenne et commencera dès aujourd’hui à se mobiliser, à travers l’exemple de cet accord, sur les réseaux sociaux, sur le terrain et auprès des élus pour sortir du libre-échange et fédérer autour de la construction d’une véritable souveraineté alimentaire pour tous les peuples du monde.

La stratégie de la fourche à la fourchette nécessite de changer de cap agricole et commercial

Dans le cadre du Green deal, la communication sur les stratégies « de la fourche à la fourchette » et « biodiversité » ont été présentées ce jour. La Confédération paysanne se félicite d’objectifs environnementaux ambitieux, mais rejette les recettes proposées pour les atteindre.

La présence d’objectifs chiffrés en terme de réduction des pesticides, des fertilisants et des antibiotiques, de développement de l’agriculture biologique et de maintien d’infrastructures agro-écologiques, ainsi que la volonté de respect des droits sociaux, notamment des travailleurs saisonniers, sont un bon signal. Cependant, quel est le modèle agricole visé par cette stratégie et quels outils d’accompagnement seront mis en place ? Quels sont les objectifs chiffrés de la Commission européenne en terme de nombre de paysans ?

L’agriculture de précision et les nouvelles techniques génétiques, avec la fuite en avant technologique associée, ne garantiront pas une alimentation locale saine. Elles entraîneront une augmentation de l’endettement sur les fermes, une perte d’autonomie – qui pourra transformer les paysans et les paysannes en ouvriers spécialisés précaires au service des machines -, un agrandissement des fermes, une spécialisation et une perte d’emplois paysans. Le marché du carbone, la suppression du retour des matières organiques vers les sols par la production d’énergie, l’agriculture cellulaire, etc. sont autant de fausses solutions qui détruiront la biodiversité en ruinant de nombreux paysans.

Le projet PAC post 2020, tel que rédigé par la Commission européenne, ne permettra pas d’amorcer la transition vers l’agriculture paysanne. Pour atteindre les objectifs de la stratégie « de la fourche à la fourchette » et permettre cette transition, nous avons besoin de paysans nombreux et donc d’installations massives. Une politique ambitieuse d’accompagnement à de nombreuses installations, associée à une politique de régulation des marchés et de maîtrise des volumes, et au renoncement aux accords de libre-échange, est nécessaire pour installer et protéger les paysans. Les aides aveugles à la surface ne sont aucunement un soutien au revenu mais une incitation à l’agrandissement des fermes et à la destruction d’emplois. La mise en place d’aides à l’actif, de soutien aux petites fermes est urgente pour répondre aux enjeux actuels.

De plus, dans la version actuelle du projet PAC post 2020, ni l’Ecoscheme (sans budget minimum, ni mesures affichées), ni les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) et aides à l’agriculture biologique (budget du second pilier en forte baisse) ne permettront d’atteindre les objectifs environnementaux affichés par les stratégies. La biodiversité végétale est nécessaire et doit être associée aux droits des paysans d’utiliser, d’échanger et de vendre les semences issues de leurs propres récoltes. La biodiversité animale ne peut être oubliée de ces stratégies.

La stratégie « de la fourche à la fourchette » doit être ambitieuse sur le modèle d’élevage soutenu. La transition vers un élevage de ruminants à l’herbe doit être la priorité. Les importations de soja pour les animaux ou d’huile de palme pour les agrocarburants contribuant à la déforestation doivent cesser, et plus généralement tous les agrocarburants de première génération. Nous devons mettre fin au grand jeu du produire plus à moins cher, en payant le prix fort collectivement, en terme alimentaire, climatique, écologique, sanitaire et social.  Se reposer sur l’économie circulaire et les produits innovants (à base d’algues, insectes, etc.) n’est qu’un gadget anecdotique incapable de s’affranchir des impasses structurelles de la chaîne alimentaire industrielle actuelle.

La Confédération paysanne revendique une Europe qui s’organise avec un projet politique de long terme, des objectifs sociaux, économiques, environnementaux qui soient fondés sur le respect de ses citoyens et de ses peuples, sur le respect du vivant en général pour aujourd’hui et pour demain. La Commission européenne doit réformer en profondeur la PAC pour aller vers une politique agricole et alimentaire ambitieuse, favorable à l’environnement et à la biodiversité, proposer un plan de relance visant à installer des paysans nombreux, relocaliser les productions et mettre fin aux accords de libre-échange. Sans une cohérence globale des politiques agricoles, alimentaires, commerciales et environnementales, l’Europe ne pourra faire face à la crise et aux enjeux.

Confédération Paysanne de l’Ariège
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